Opéra Opéra ‘Du Bout des Doigts’
Opéra Opéra « Du Bout des Doigts » – vendredi, 13 mai à 20h30
Ines propose un concert vendredi soir à l’église baptiste coréenne dans le 9ème! Intéressant comme endroit. On y va sans savoir ce qui nous attend – en tout cas moi je ne savais pas. Et : Je plains tous ceux qui aiment la musique, qui sont allés ce soir-là à Bastille ou à l’Opéra Garnier et ont raté cette merveille. Une soirée qui nous a permis de découvrir une nouvelle façon d’écouter l’opéra, comme annoncé dans le programme très didactique distribué à l’entrée.
Lieu : Rue de Provence – on entre sans se rendre compte que c’est une église, un long couloir blanc décoré à gauche avec de mini pots de fleur – tout au fond une salle pour le ping pong. Nous montons au premier étage et pénétrons dans l’église – ronde – des bancs tout autour d’une scène. On aperçoit six pupitres – donc petit orchestre. Bien. La balustrade en haut est décorée avec des drapeaux d’autres pays – curieux !
Peu à peu la salle se remplit. Les musiciens entrent et prennent leur place au milieu (un peu comme dans la Philharmonie de Berlin – mais en petit format). La directrice, Alexandra Cravero arrive comme une tornade, en remplissant la salle et la scène d’une énergie positive incroyable. On a toute suite confiance que la soirée va apporter de belles choses.
Musique : Ils démarrent avec « Pagliacci » de Leoncavallo. Le Prologue de Tonio – merveilleusement interprété par Olivier Ayault (en fait c’est « à cause » de lui qu’on est là parce qu’il y plus d’un an il avait chanté dans le Messie avec Inès et on avait beaucoup aimé). Il est comique et tragique à la fois. Tout de suite arrive Natacha Figaro et chante « Si, mi chiamano Mimi ». Elle est douce et discrète et suivie par Christian Rodrigue Moungoungou qui chante un air de Macbeth. A chaque morceau le chanteur ou la chanteuse apparaît d’un autre coin et on est toujours surpris. Quelle belle idée ! Le petit orchestre accompagne très bien et obéit religieusement à la chef, qui dirige des yeux, des doigts, de la tête, du corps. Il y a une connection très forte entre elle, les artistes et nous, qui sommes assis tout près d’eux– on voit dans son expression si elle satisfaite – est c’est presque tout le temps le cas. Elle se penche vers les musiciens, semble attraper la musique dans ses mains et la distribue vers les chanteurs dans toutes les directions. Incroyable et impressionnante. Elle laisse toujours très peu de temps aux applaudissements et démarre aussitôt le morceau suivant. Yanis Desroc arrive. Lascia ch’io pianga – une de mes « aria » préférée. J’aime beaucoup son interprétation, délicate et forte à la fois. Sean Hyun-jong Roh chante l’air de Don José de Carmen. Il est tellement dans son rôle que la chef le regarde avec une grande intensité comme pour s’assurer que le dialogue entre lui et l’orchestre soit parfaitement assuré. La soprano – belle et élégante – Urszula Cuvellier présente « Rusalka » – elle devient une nymphe elle-même quand elle interprète « le chant de la lune ». Olivier Ayault revient avec la Dame de Pique et Yanis Desroc dans Ascanio in Alba. Et voila Don Giovanni: Leporello (Olivier Ayault), Don Giovanni (Christian Rodrigue Moungoungou) et Donna Elvira (Natacha Figaro) – une mise en scène avec des gestes – adorable et comique. Le public est très enthousiaste. Déjà l’entracte - dommage !
La première pièce après une brève pause est la Barcarolle de Hoffmann chantée par Urszula Cuvellier et Yanis Desroc – touchant. « In un coupé » (Hyun Jong Roh et Christian Rodrigue Moungoungou, de mieux en mieux). Urszula Cuvellier – la soprano – remplace au pied levé la mezzo Daia Durimel qui est malade, pour interprèter l’air de « Dalila ». Bravo ! Encore une fois Sean Hyun-jong Roh – Luisa Miller. Lui est très intense – il est complètement dans le rôle qu’il joue et qu’il chante. Et ils jouent tous vraiment – même s’ils chantent en forme de concert. La Traviata nous fait presque pleurer ainsi que « Bess, you are my woman now (Natacha Figaro et Christian Rodrigue Moungoungou). Avec « Chi mi frena » de Donizetti le concert prend fin dans un tutti splendide. Mais : ils sont très gentils et nous font beaucoup de cadeaux. Entre autre un air pour tutti de Nabucco mais surtout une improvisation de Don Giovanni « La ci darem la mano ». La belle ambiance qui règne entre eux s’est communiquée au public qui se met debout dans une standing ovation bien méritée (entrainée par Jean-Noël, complètement ravi), applaudit des pieds et des mains. Tout le monde est enthousiaste.
Après deux heures on sort heureux et satisfait. Quel bonheur !
Ils nous ont présenté tous les airs les plus connus – ça peut être très dangereux parce que nos têtes sont pleines de références. Mais c’est le contraire, moi je n’aime pas trop le bel canto et l’opéra italien, je préfère le baroque, mais ils m’ont donné l’envie d’écouter un Puccini en entier. Complimenti ! et Merci.
Ils sont tous des chanteurs « de premier plan » – membres du chœur de l’opéra de Paris.
A mon avis ce programme et ce groupe peuvent séduire les spectateurs les plus difficiles du monde entier.
Christa Blenk
(avec l’aide de Jean-Noël Pettit)