- Portrait musical de Gertrude Stein avec le Quatuor Hélios

14 Janvier 2012 – au Grand Palais – Paris

- Portrait musical de Gertrude Stein avec le Quatuor Hélios cesar_Picasso-0071-112x150 Artist: Cesar Borja

Portrait musical de Gertrude Stein avec le Quatuor Hélios (Christelle Rayneau, flûte ; Nathanaëlle Marie, violon ; Fabienne Stadelmann, alto, Christophe Beau, cello)

Le Grand Palais nous a habitués à accompagner ses expositions d’un remarquable ensemble de conférences, films, ateliers, et concerts, qui en font à chaque fois un véritable événement culturel. C’est dans le cadre de l’exposition « Cezanne, Picasso, Matisse et l’aventure Stein », que le Grand Palais, avec le soutien de la Mairie de Paris et de l’association ‘Musique Nouvelle en Liberté’ a organisé un merveilleux concert hier dans son auditorium.

Le Quatuor Hélios a choisi et exécuté avec grand talent et raffinement un programme tout à fait hors des conventions. La flûtiste Christel Rayneau nous en a présenté l’un après l’autre avec beaucoup de charme les morceaux et nous a appris beaucoup choses. Musique et Gertrude Stein – ce n’est pas vraiment une association évidente. Elle était certes en contact permanent avec les artistes et écrivains du Paris du commencement du 20ème siècle, mais son lien avec la musique et les musiciens était plus rare et moins connu. On sait que Picasso, très proche de Stein, avait participé avec Satie, Diaghilev, Cocteau à la production du ballet Parade. On se tromperait en affirmant que Stein restait en dehors de la musique. Elle était très amie avec le compositeur américain Virgil Thomson (1896-1989).

Les musiciens débutent sur un « Portrait de Gertrude Stein » et une sérénade pour violon et flûte de Thomson. Plutôt conventionnelle – une musique romantique du 19ème – et on a un peu de mal a s’imaginer la relation entre G.S. et le compositeur. Mais il se trouve que Gertrude Stein travaillera avec Thomson sur quelques livrets d’opéra.

Ensuite, 6 Epigraphes antiques écrites en 1901 par l’impressionniste Claude Debussy (1862-1918). La raison annoncée du choix de ces beaux morceaux est de nous plonger dans la musique que l’on pouvait écouter à l’époque.

Antoine Duhamel (*1925 ) avait composé en 2009 la « Musique pour Picasso – Le Bateau lavoir, l’artiste engagé » lors de l’expo Picasso et ses maîtres. Il avait dédié cette splendide œuvre au Quatuor Hélios, et on comprend pourquoi. On imagine la vie au Bateau lavoir, les disputes, le manque d’argent, le gros chien de Picasso et Fernande, l’arrivée de Kahnweiler. Et j’entends, si je ne me trompe pas, un petit hommage à Falla et l’Espagne.

Avec son « Trio à cordes op 45 » Arnold Schönberg (1874-1951) est invité dans le concert. Il faut savoir que Stein et Schönberg sont nés la même année (et même Houdini, mais ça c’est la magie des coïncidences). Et voilà le lien ! C’est peut-être la raison de leur proximité conceptuelle. La musique de Schönberg est souvent mise en relation avec l’écriture surréaliste/dadaïste de Gertrude Stein. Schönberg crée et fait la musique que Virgil Thomson a refusé toute sa vie. Romantique aussi au début de sa carrière et fondateur de la seconde école de Vienne, Schönberg et l’un de plus grand du 20ème siècle. Christal Rayneau nous raconte qu’Arnold Schönberg a eu une crise cardiaque et survécu miraculeusement à une mort clinique – Cette oeuvre (qu’on pourrait qualifier de néo-romantique, et que Thomson aurait probablement approuvée) que le Quatuor Hélios a jouée ce samedi a été composée après son retour à la vie et nous sommes momentanément plongés dans l’ambiance des kiosques à musique des célèbres maisons de repos comme Marienbad, mais nous participons aussi à la lutte entre la vie et la mort, la joie de revivre etc. (« se non e vero e ben trovato »).

Le clou de la soirée est sans doute « Shutters shut » de Graciane Finzi (1945) – oeuvre dédiée au Quatuor Hélios et composée pour cette soirée en 2011. Là on est complètement dans l’esprit de la musique contemporaine. Parlée, chantée, soufflée, jouée et inspirée du passage Shutters shut de second Portrait de Picasso écrit par Gertrude Stein. Incroyablement beau et original et amusant.
Le lien évident entre son texte et cette musique d’aujourd’hui démontre clairement d’une part combien Gertrude Stein était en avance sur son temps et d’autre part le talent de Graziane Finzi qui a su trouver les sonorités, les techniques et les rythmes épousant parfaitement ce petit chef d’œuvre surréaliste.

ces1-150x150Artist : Cesar Borja

« Exactly or as kings.
Shutters shut and open so do queens. Shutters shut and shutters and so shutters shut and shutters and so and so shutters and so shutters shut and so shutters shut and shutters and so. And so shutters shut and so and also. And also and so and so and also.
Exact resemblance to exact resemblance the exact resemblance as exact as a resemblance, exactly as resembling, exactly resembling, exactly in resemblance exactly a resemblance, exactly and resemblance »

Les musiciens se sont beaucoup amusés et ont transmis leur bonheur au public qui les a beaucoup applaudis. Les ovations ont redoublé à l’arrivée surprise sur la scène de Graziane Finzi .
On quitte le concert le sourire aux lèvres, en se sentant privilégié d’avoir assisté à quelques chose de très spécial, non-reproductible. Dommage pour les autres que cet événement n’ait pas été enregistré.

Merci beaucoup !

Christa Blenk et Jean-Noël Pettit

P.S. Quel cadeau d’anniversaire pour moi ! JNP

 

 

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