Elzbieta Sikora – compositeur contemporaine
Compositeur franco-polonaise
J’ai fait la connaissance d’Elzbieta Sikora en 2011 à l’occasion de la première mondiale de « Madame Curie » à l’Unesco. C’était son premier opéra à grande échelle. C’est à l’issue de cette représentation historique que, impressionnée, j’ai cherché à prendre contact avec elle.
Elzbieta Sikora s’est installée en France en 1981. Auparavant elle était déjà venue à Paris comme jeune étudiante participer à un stage du GRM. Puis elle a suivi le cursus d’informatique musicale à l’IRCAM. Elle avait également fait plusieurs stages à Stanford, California.
La musique était omniprésente dans toute sa famille: son grand père paternel jouait du violon et a même écrit un opéra: Jeanne d’Arc (imprimé et produit par ses soins!) tout en étant administrateur des forêts. Sa grand mère, autrichienne, pratiquait la cithare. Ensemble avec leurs dix enfants ils pouvaient former un petit orchestre. Elle m’a confié que son père jouait très bien de l’harmonica. Les ancêtres ukrainiens ont apporté la balalaïka dans la famille. C’est ainsi que, tout naturellement, elle a suivi des études musicales en Pologne.
Sa première approche professionnelle avec la musique était plutôt technique : elle a travaillé comme ingénieur du son. La rencontre avec Pierre Schaeffer et François Bayle à Paris a été déterminante: elle a commencé par l’expérimentation la plus radicale et par la musique électroacoustique.
Puis elle a eu besoin de revenir à l’instrument, à l’éducation plus classique en composition, à se ré-attacher à la tradition. Ne plus jeter la clé du passé dans un puits profond mais aller la repêcher pour en tirer de bonnes leçons, dit-elle. C’est peut-être ainsi qu’est née l’idée d’écrire une oeuvre plus lyrique telle que « Madame Curie ».
Elzbieta est une grande lectrice. Poésie et littérature lui sont indispensables, et ça se voit chez elle où les murs sont tapissés de livres. Beaucoup d’art aussi chez elle, dont certaines pièces sont de son frère ou de son mari. Elle ne s’arrête pas à l’art contemporain mais apprécie aussi la peinture de Michelange à Picasso et celle d’aujourd’hui. Elle est surtout sensible à l’architecture ultra moderne, qui l’éblouit particulièrement. Elle absorbe ce qu’elle voit et écoute beaucoup. En fin de compte elle construit son propre langage musical.
Venant d’un pays où l’égalité homme-femme était plus naturelle qu’en France, elle a été confrontée à une société dans laquelle les femmes rencontrent encore des difficultés à exercer certains métiers souvent dévolus aux hommes tels que compositeur ou chef d’orchestre. D’où probablement le choix quasi féministe du sujet de Madame Curie, par ailleurs parfaitement adapté à sa création à l’Unesco en 2011 dans le cadre des festivités de l’année de la Pologne et de l’année de la Chimie.
Pour se reposer et se concentrer sur ses oeuvres à venir, elle va souvent au bord de la Baltique près de Gdańsk.
Sa renommée en Pologne, ses qualités intellectuelles et sa personnalité en ont fait le choix rêvé pour la direction du festival de musique contemporaine de Wroclaw, fonction qu’elle occupe depuis quatre ans.
Elzbieta Sikora a obtenu de nombreux prix, et parmi eux déjà deux pour « Madame Curie » ainsi que pour d’autres compositions comme « le Chant de Salomon », « Aquamarina » et « Guernica ». La liste est très longue (voir son site).
Elzbieta vit et travaille actuellement à Paris et nous attendons avec impatience ses prochaines oeuvres.
Le DVD de Madame Curie vient de sortir.
2013: Elzbieta Sikora gagne le GRAND PRIX INTERNATIONAL DU DISQUE LYRIQUE
ORPHÉES D’OR 2013 - Théâtre du Châtelet pour « Madame Curie »
Citation: « Pour justement détester la musique moderne, il faut la connaitre. Ainsi, on pourra la détester plus intelligemment. Ou bien, sait-on jamais, l’apprecier. » Leonard Bernstein
Christa Blenk